Enciclopedie d'un volontaire
Activités :
Ca y est la je suis bien paumer ! L’excitation des découvertes commence à retomber et les petits repères de ma nouvelle vie quotidienne ne sont pas encore bien installés. Entre ce que j’avais imaginé (voir rêver) et la réalité des choses il y a bien sur un décalage, mais ce qui est dur c’est de mettre à profit les temps morts pour digérer et non pas pour s’impatienter.
Il va vite falloir que je me trouve des petites occupations … oui mais quoi ?
Ambassade :
Tout le monde sait que lorsqu’on est dans une ambassade ou un consulat on est dans un pays différent. Donc il suffit de passer la porte de l’ambassade du Togo pour être en afrique. Folklorique :
- bonjours je viens chercher mon passeport avec un visa entente
- ha oui on a bien reçu votre passeport mais on ne sait pas ou il est.
- bon ok mais se serrait bien que vous le sachiez demain je prends l’avion vendredi !
- pas de problème monsieur des que l’ambassadeur reviens, on lui demande.
Le lendemain
- bonjours c’est re-moi je viens chercher mon passeport avec un visa entente
- ha oui mais l’ambassadeur ne l’as pas reçu ça doit être le chargé des visas qui l’as.
- très bien je peux le voir ?
- ha non il c’est « échappé » (en togolais dans le texte) ce matin personnes ne sait ou il est …
Après 2h d’attentes j’en conclus qu’il vaut mieux revenir le lendemain (matin de mon départ)
- bonjours c’est re-re-moi je viens chercher mon passeport avec un visa entente.
- ha oui mais le chargé des visas n’est pas encore arriver.
(Sueurs froides … 9h30 arrivée du dit chargé des visas)
- non il n’y a pas de problème monsieur voici votre passeport.
- Arg …
Pour la France
Bière :
Il faut bien se désaltérer et comme on n'est jamais sûr de la qualité de l’eau comme ils disent... Au moins elle est bonne : Flag, Ecu, du Burkina, Kastel, Hawooyo, machinkarma, et les autres avec presque toujours le sigle BB (Brasserie du Benin) dessus. Pour les anciens la vrai BB n’existe plus tel quel certainement pas assez « national », Condoléances.
Souvent accompagnées d’un peut de poulet ou de carrés de porc au barbuc toujours en 66Cl elle donne lieux à de bon moment de détente et me permet d’entraîner ma compression du Mobba ou du Moré quant les langues se délient.
Bouffe
Pour l’instant je mange chez Jacques, c’est à base de riz et de spaghetti avec de la sauce tomate et des sardines en boite, quant il y a plus de sardine on met de la viande et quant il a plus de viande... devinez. Il y a aussi la boule de maïs insipide et gluante, je m’y mets doucement mais avec la sauce du genre : restes du fond de frigo a la gelée liquide c’est pas évident.
Enfin bon tout ça pour dire qu’il va falloir que je prenne mon destin en main, l’arrivée des produits maraîchers frais et des fruits à la fin du mois sera bien
Cadre de vie
La ferme est en « banlieue » de Cinkassé c’est à dire à la limite des dernières maisons a 2,5 km
J’ai ma chambre au 1er dans la « tour » avec un superbe lit moustiquaire, un bureau, une armoire, et une sale de bain complète W-C (chasse d’eau factice évidement), douche, lavabo et l’eau courante qui va avec ! Jacques a fais installer une citerne sur le toit qu’on remplit à la motopompe une fois par semaine. Au second c’est le bureau du centre où j’ai un petit réchaud a gaz (tuyau expiré en 2003 pour la touche locale).
Cinkassé (Sinkassé, Senkancé, Sinkansé) est plus qu’un village, l’effet frontière est à double tranchant : c’est en pleine expansion, mais tout y passe sans vraiment s’arrêter. On pourrait comparer à une ville du far Ouest où le train et le télégraphe viennent d’être installés. Suivant les cartiers il y a plus ou moins l’électricité et le téléphone, l’eau n’étant disponible que si un voisin a pris l’initiative d’un puits et d’une citerne. Mais c’est déjà une sous préfecture !
Communication :
Le TamTam : pas assez de portée.
La poste : 3 semaine environ, d’après Jacques tout arrive ???
Téléphone : ça marche bien, pour l’instant il y a celui de Jacques, peut être bientôt un a la ferme, ou j’en prendrais un... inch-Allah
Internet : pour l’instant c’est à Dapaong (1/2h en moto) ça ne marche pas toujours bien et du coup c’est super frustrant, je vais donc entamer un travaille de sape auprès du centre informatique de Cinkassé pour qu’ils remettent internet. Si on a un jour un fixe et l’électricité au centre je prendrais peut être un abonnement mais c’est pas demain la veille.
Famille :
Plusieurs points sont à noter en ce qui concerne la famille. Le vocabulaire est on le sais un peut déroutant mais le vrais problème est que ça brouille complètement nos repères bien européen. Ce qu’il faut ce dire c’est que le nom désigne un type de rapport/dépendance entre personne et pas une relation filiale.
- Frère est une subtile notion d’appartenance familiale (au sens très large) ethnique et amicale. Un frère peut aussi bien être un demi frère, un cousin, un ami très proche ou un homme du village de même génération. Du coup cousin est un terme inexistant. Il faut aussi savoir que le frère filiale directe (même père, même mère) ne peut apparemment n’être rien d’autre qu’un frère.
- Sœur désigne le même type de relation qu’avec le frère avec en plus la notion de mariage.
- Père et oncle désignent de toutes façons une personne responsable du sujet duquel on parle en conservant je pense une concordance avec nos propres repères. On peut cependant l’utiliser de façon affective comme signe de reconnaissance a la personne a laquelle on parle. Père désigne aussi le missionnaire et par extension tout blanc avec la barbe (donc de temps en temps on m’appel mon père et oui …) Dans ce cas ce n’est qu’une désignation descriptive.
- Fils/fille est la relation inversée du sens premier de père, c’est à dire la personne dont on est responsable.
- Grand père / Grand mère désigne toutes personnes plus âgée que vous de quelques génération en générale le critère est les cheveux blanc et l’inactivité. C’est une forte marque de respect mais dire grand père a quelqu’un qui n’entre pas dans les critères peut être insultant.
- Mère c’est principalement la personne qui a mis au monde le sujet duquel on parle, elle peut être parfois la personne qui l’a élevé.
- Femme c’est la ou une des personnes avec laquelle on est mariée. Pour le premier mariage les jeunes hommes font la coure un peut partout et c’est lorsqu’une fille tombe enceinte qu’on se dépêche de négocier le mariage, comme ça on est sur que le mariage seras honoré. Les questions d’amours sont donc très secondaires la reconnaissance entre mari et femme est donc basée sur le statut social acquis par l’union.
Gares
Dans les gares c’est la course au remplissage, chaque client potentiel est assailli par les assistants et les rabatteurs qui sont la pour s’assurer que leur taxi brousse seras plus rempli que celui du voisin ! Quant il s’agit d’un client aisé ou d’un yovo (en évé, nassara en moba, blanc en français) la frénésie prend alors des allures de transe ou tout le monde crie sa destination pour savoir si c’est également celle du voyageur. La un dilemme se pose : soit vous annoncez votre destination et vous risquez de retrouver vos bagages dispersés dans différent taxi brousse, soit vous ne dites rien et les rabatteurs restent accrochés a vous. Une fois sortie de cette folie vous allez simplement a un guichet ou un employer placide vous fait payer votre place …
Matériel :
- opinel (toujours utile),
- filtre à eau, cadeau des parents (je m’en sers tous les jours),
- sac de couchage (mais a vrais dire je passe la nuit étalé tout suant sur mon lit),
- serviette ultra absorbante pour les voyages (si si c’est super pratique),
- Le guide petit futé du Togo et le routard de l’Afrique de l’Ouest (toujours bon a prendre), un ou deux bons bouquins ça évite de cogiter tout seul une fois que la sur-activité journalière est passée !
- une bonne paire de chaussure de brousse, celle du vieux campeur avaient l’air vraiment top mais celle que j’ai sont impec, plus les éternelles tongs (a acheter sur place)
- Trousse à pharmacie (dans un teperware très pratique): anti-démangeaison, bétadine, fil dentaire, brosse à dent et dentifrice, linge blanc/gaze, aspi-venin, pince à pipile, antimoustique (la mienne n'est pas encore complète)
- Pantalons légers à préférer aux shorts, t-shirt et chemisette, par contre caleçon ou slip ça reste l’éternelle question !
- Un bon sac pour ranger les papiers.
- Hamac, qui ne seras jamais avec vous quant vous en aurez besoin.
- Petit (15L) et grand (55-70L) sac a dos
Préparatifs :
Après un mois d’août réglé entre vacances a l’océan avec les potes et semaines de préparation (entendez par la paperasse) pour l’expatriation, j’ai pris quelques jours a Paris pour fignoler certaines choses. Passage au Vieux Campeur avec l’éternel problème de pas tout acheter... Passage à l’ambassade du Togo pour récupérer mon visa, pas prêt, normal ! Entre deux réflexions sur le matériel technologique utile à emporter. Une petite dose de terrasse avec les potes pour un dernier au revoir, tout ça dans une ambiance de rentre parisienne bien stressée, une grande joie !
Projet :
Pas facile de s‘y mettre je ne sais pas par quel bout le prendre ! Situation financière, cadre logique, infrastructures, programme de formation, enquête terrain... bien sur il y a la procédure logique, mais pour l’instant toutes les infos m’arrive en même temps, toujours la même chose on veut que ça aille vite tout en sachant qu’il va falloir digérer l’info petite a petit.
Il s’agit de mettre en place un centre de formation rurale pour les jeunes, Jacques (le togolais avec/pour qui je bosse) a déjà une bonne expérience de ça. Il a déjà monté un centre semblable avec des pères (Salésiens) présents à Cinkassé, mais suite a un changement de direction tout c’est cassé la gueule. Il veut donc monter un truc plus indépendant.
Le problème de fond est que les jeunes partent pour d’autres pays africains mais y exercent les mêmes activités. Les modifications sociologiques (explosion démographique, urbanisation, développement de filières commerciales) ont rendu obsolètes les anciennes pratiques agricoles et développer les difficultés de formation et d’installation. Accentué par une mauvaise gestion ces problèmes créent une grande pauvreté dans la région des savanes déjà rude.
D’après l’expérience de Jaques je pense que le centre va être orienté en trois pôles :
- Agriculture (grandes cultures, maraîchage, élevage) ;
- Artisanat (ferronnerie, couture, menuiserie, maçonnerie) ;
- Scolaire (écriture, calcul, gestion).
Dans la pratique on a en effet constaté que tous les artisans ont des champs pendant la saison des pluies, que les paysans ont besoin d’une activité artisanale salariée pendant la saison sèche (improductive), et que dans tous les cas c’est un problème de gestion de la période de soudure qui crée la pauvreté et la famine.
Santé
Ca y est, je suis équipé complet ! Pas de problèmes digestifs jusqu’à présent, mais je fais gaffe et mon estomac en a vu d’autre. Une petite fièvre de bien venue juste pour dire « oublis pas tes antipalu » mais rein de bien grave. Actuellement je lute contre l’effet secondaire du moustique : démangeaisons généralisées, infection du bouton consciencieusement gratté etc...
Route
Bon il faut savoir que le code de la route ici est à la fois simple et complexe.
Simple car une règles suffit : Priorité au plus gros. Soit titan (camion benne surchargé) > taxi brousse (surchargé aussi) > mobylette > vélo > piéton
Complexe car pour tout le reste ça se joue par une subtile utilisation du klaxon.
Petit lexique du « parlé klaxon » :
Syntaxe :
klaxon cour = sympathie
klaxon long = urgence, agressivité
Vocabulaire (liste non exhaustive) :
bonjours = Klaxon pousse toi = Klaxon
attention = Klaxon ça vas pas non ! = Klaxon
j’arrive = Klaxon au revoir = Klaxon
je double = Klaxon je te suis = Klaxon
non rien = Klaxon embarquement immédiat = Klaxon
La nuit ça prend encore une autre tournure car le « parlé phare/clignotant» entre en jeux … mais je ne maîtrise pas encore assez bien pour pouvoir vous expliquer. - Note pour plus tard : 1- plein phare dans ta gueule n’a pas l’aire d’être synonyme d’agressivité ; 2- le clignotant n’indique pas forcement le coté ou l’on tourne.
Véhicules
Le vélo : même s’il reste un moyen de déplacement très répandu beaucoup de mobylette l’ont remplacé.
La voiture : presque toujours rentabilisée en taxi elle dépasse rarement le statut d’épave (mis a part dans les grandes villes pour les pères et pour les ong)
Le taxi brousse : minibus surchargé en bien et en personne, souvent rafistolé de partout, les chauffeurs sont des as de la conduite mais quant ils se plantent il ne doit pas rester grand chose.
Les Titans : Semis remorque ou camion benne surchargés, souvent arrêté sur le bord de la route pour réparation. La conduite est une technique très particulière basée sur la 1ere, seule vitesse qui en montée peut tirer le chargement et en descente compenser les freins inexistants ! Associer a cela un ingénieux système de cales placées sous les roues par l’assistant et vous traversez le Togo.
Voyage :
J’ai finit par récupérer mon passeport quelques heures avant de prendre le RER avec Amélie pour Roissy Charles de Gaule terminal 3. On a retrouvé d’autres DCCiste qui partaient en même temps que moi, enregistrement, pesée ( 20,9 kg
Puis le temps que les douaniers retrouvent aux rayons X mon opinel perdu depuis une semaine dans la doublure de mon sac c’était déjà le dernier appel pour monsieur Thomas Courde prié d’embarquer immédiatement porte C.
Voyage en avion sans encombre étant coté couloir j’ai pas vu grand chose, mais j’ai quant même profité de la bonne ambiance « marché africain » qui règne sur ces vols « retour au pays »
Arrivée a l’aéroport question bête mais habituelle des douaniers (propre a tous les pays du monde) « ou allez vous loger ? » étant donné que je viens de débarquer je ne sais pas et même si je savais en voyage ça risque de changer tous les jours … mais c’est le genre de réponse qu’ils aimes pas. Du coup je donne une adresse bidon et ils sont heureux ! Logique imparable !
J’ai récupéré mes bagages assez rapidement et dehors j’ai été accueilli pas Jacques et un amis à lui de Ouagadougou (ha oui je vous ai pas dit mais pour le nord Togo c’est plus simple d’arriver pas le Burkina Faso). 2 minutes après j’étais une bière a la main un bout de poulet dans l’assiette a la terrasse d’un maquis (bistro local) Vive l’hospitalité africaine !
Le lendemain après une nuit tranquille dans un petit hôtel, visite des banlieues maraîchères de Ouaga et direction Sinkassé Togo par un bus tout ce qu’il y a de plus respectable et qui n’est même pas tombé en pane !
Voilà un petit tour d’horizon … la suite au prochain épisode !